I
Il nous faudra
Prendre de la hauteur
Même si l’hirondelle ne présage plus du printemps
En liberté
Quelques fleurs dans le jardin
Jettent à mon regard un dernier éclat désolé
J’ai peur de vos peurs
Portes qui se ferment
Vos cœurs en balustrade
Se méprisant eux-mêmes
Emportés
Par les rumeurs qui prennent corps
Vous naviguez aveuglément sur un océan de haine
II
À travers nos délires
Nous ne sommes plus rien
Moins que pierres et plantes ou bêtes de somme
« Avoir conscience est plus qu’une douleur confuse »
Parfois la lune sous l’orage qui gronde
Commence à être réelle
Éveillez-vous !
Avant que je ne m’endorme
Il y a la langue
Les yeux toujours baissés
Pleins de trous vides de mémoire
Et cette peur du noir
Tous ces matins escamotés au réveil
La fatigue dans les os et la frustration du silence
Comme tout le monde
Qu’on finit par s’y faire
Sans dire un mot…
À trop compter les minutesÀ force d’oublier sans le pouvoir
Tu t’abandonnes aux chimères
Dans une interminable fuite vers nulle part
Il ne suffit pas d’allonger le bras
Pour toucher du doigt le bleu du ciel
Ni ravin assez profond
Pour y jeter les pires solitudes
Allumer toutes les lampes
Les éteindre une par une
Pour s’habituer à la nuit
Je ne suis que cette infime tendresse
Qui se dresse dans la pénombre des maux
Pour être encore un instant près de vous
Et me sentir vivant
Je lève le poing
M’accroche à mes rêves
Avant que la nuit se lève
Textes inédits extraits du manuscrit « Tendresse de la pénombre »