Love is temple
Love is temple…
Comme le pétale étoilé qui inlassablement glisse sur le sol soulevé par le vent glacé. Je me construis à l’abri, d’un abri de métal et de bois. Peut-être vais-je troquer mes pensées païennes contre un petit bout de dieu, peut-être vais-je m’abandonner à la route de goudron pour oublier les cieux…
à mi-chemin
d’un hiver
une saison en
enfer
n’existe plus que
la beauté
le reste est un
sursis volé
glacé de
songe suranné
à traverser la rime
je comprends le voyage
Croire en cet imbécile pouvoir des pleurs et des sursis. Envisager un sourire despotique qui entraînerait un équilibre instable des émotions, de la vision rose des tons chauds de l’amour passion.
Je ne me débattrai pas dans ce tunnel de corps et de mains coulant vers mon cou, assoupi dans le rouge naissant de la tubéreuse.
Le sang coule et teinte mes mots… je me coule dans le sommeil artificiel
dors mon corps allongé dors
dans ce rouge irréel
un clocher tinte
et le ciel neige,
atone
à
demi-chemin
de tout
qu’aimer
est impossible dit
la canopée
au feu solaire
ton amour est
liberté
s’exhale des rameaux d’hiver
le vol d’un mot intime
puissé-je y
refleurir
Je sais que je vais conquérir la nuit et le jour . Je sais que je pourrai de mon poing levé achever ma course dans le soleil naissant. Sans me brûler les plumes, l’épée sur la hanche, je poursuivrai ce printemps pour qu’il rappelle le souffle du renouveau sur tes lèvres blanches.
Rappelles toi tu mourais dans les bras transparents de mon absence… maintenant désire vivre pour que nos âmes enfin puissent s’accoupler dans un sourire
qu’une île est si lointaine
dans le fruit défendu
ai-je été endormie
baiser qui me
réveille
éveille les mots
bâillonnés
cloîtrés
dans le bois mort
je fus ruine
d’attente
je,
inconsolable
sans ton
enchantement
De mon espoir, de ces brûlantes flammes. De nos mots, maux échangés nous grandirons dans les tourments arrachés. Tu sais qui je suis, je sais qui tu es. L’essentiel de nos âmes nous avons partagé alors sache que même le temps ne saura nous gommer, comme une esquisse dans le vent nous marquerons l’espace.
Poème : Martine Cros & Nataliah Oso
Saint-Pierre d’Amilly et Dijon, le 15 février 2015
Les espoirs pourpres
Au seuil
tapis de fleurs de bois et de vergers,
à l’orée
des portes des temples oubliés,
j’avance et recule d’un pas
d’une main
ou de la moitié d’un cœur
j’effeuille
le corps du doute
sur la tige nue,
comme une fleur,
le rêve
Si mes pas hésitants effleurent la douceur de la mousse, mon âme aventureuse, elle, ne cesse de me tenter de sa hardiesse. D’une main fébrile, je finis par pousser le portail. Dans la rosée du matin, la brume se fait complice, et dans une échappée me laisse admirer d’un secret les prémices.
Premières nées des
origines et des fins,
ces traces parme
où le vibré de vie
et le pleur de l’amour
entre des draps de lin
révèlent leur mystère
tu cours lever les voiles
des abysses
Cours-tu
comme l’enfant d’un cerf-volant
au friselis de
la mer
à perdre haleine
Cours-tu vers l’appel
souffle coupé
inattendu
C’est ici qu’est la vie. Sur le chemin carmin de la vêture dont s’est défait mon corps comme une pelisse trop lisse, dépecée, épidermique. Je réapprends les sons des anciennes cordes distendues par ma pantomime pathétique. Mon âme bouillonnante se met au diapason des saisons, trouvant dans la nature sauvage le creuset d’une alliance dont les bouquets floraux se mêlent à mes maux.
Lune — pleine — demi — mot
blanche portée
rose tamaris
par la fenêtre mon regard
captif
capte
le coléoptère bleu doré
de ton pas qui
se désosse
dans ton échappée
Tu es là quelque part, dans cette nappe de brouillard. Captive des entrelacs de ton errance. Mes sens à l’affût hérissent ma peau de radars éclectiques. Où est-elle, la petite hirondelle qui annonce la naissance de ma délivrance? Je vagabonde, encore et encore, dans un décor à la Cocteau, où la moindre des lignes épurées est un filigrane dans les feuilles veinées de mon avenir, de mon âme en devenir. Je sais bien que lorsque mes yeux croiseront la surface miroir de ton regard, je n’aurai d’autre choix que de m’y noyer ou renoncer. Et si je plonge, même en songe, le toi sera moi. La folie me guettera.
En elle désir
d’aimer
si aiguisé
qu’une lame d’épée
trancher l’angelus orangé de l’aurore
déchirer la mélancolie de
ces paysages fulgurants
qu’elle pensait
perdre
elle prie pour que
tu apprivoises son
abandon Sais-tu :
le soupir qui la tient en vie
te guidera comme les yeux
de la biche traquée
vers sa solitude Lorsque tu
entreras dans
sa cathédrale captive
tu trouveras son coeur
point d’équilibre
entre chaos et harmonie
aucune folie ne sera sur l’autel
sacrifiée
juste une larme de
ton sang mêlée
à son sourire
que tu pourras
embrasser
J’avance au son étouffé d’une respiration happée, jusqu’à l’étang formé par des larmes versées.
Sur l’onde troublée par les espoirs pourpres qui s’égouttent, apparaît mon visage aux traits tourmentés.
Mon âme amie, ma vie. Le voyage fut bien long. Je n’ai plus peur, plus de rancœur.
C’est apaisée que je viens t’embraser.
Poème : Martine Cros & Laurence Nicolas
A Brive la Gaillarde et Dijon, le 15 février 2015