1
Obéir aux lois obscures
Et souterraines des morts
Pour qu’ils vivent encore
Dans la mémoire des pierres
Que tu soulèves de tes pas
De tes mains jusqu’à cet abîme
S’ouvrant en plein ciel
Comme une blessure au flanc de l’infini
Soumettre l’ombre du soir
Au sourd grésillement de la lumière
Dans les arbres que le vent courbe
Sur ton front et redresse sans bruit
Accepter que le temps soit une échelle
Invisible pour rejoindre l’orbe des astres
Et l’écho lointain de ces voix d’enfance
Qui te hèlent bien que tu ne puisses plus leur répondre
2
Soleil miroir
Oblique de la lumière
Qui tourne au gré du vent
Autour de l’axe de ton ombre
Brûlant les amarres du ciel
Pour que se lèvent les tempêtes
3
Tu avances
Parmi les cendres
Encore chaudes de la nuit
Fantôme d’une voix
Qui traverse en criant
Les miroirs obscurs
De tes mots
4
Sur la table
Pas une miette de pain
Ni aucun fruit mûr
Seulement un verre renversé
Et une tache de ciel
Étendue comme un peu de vin
Qui se perd
Dans les veines du bois
Tu es assis immobile
Sur l’axe du monde
Et tu regardes autour de toi
Graviter les astres du temps
Avec ce dernier éclat de lumière
Qui reste en suspend dans ton œil
5
Tu emportes avec toi
Cette pierre dans laquelle
Le soleil a fait son nid
Lui donnant un poids de lumière
Comme un corps qui amasse
Dans ses muscles la chaleur du sable
Et dans ses veines
Le bleu limpide du sang