J’ai cueilli des fleurs sous leurs couleurs mortes
et je les ai posées dans la mémoire
où tu ne reviens que pour fermer tes fenêtres,
tes volets, tes yeux, tes silences.
Où tu ne reviens que pour disparaître
chaque jour un peu plus.
Moi je te chante encore,
mais dans des chansons
que le vent ne sait plus où porter.
*
Je m’en vais quelque part,
je reviens je ne sais pas d’où.
Les pays que j’ai parcourus
m’ont caressé de vent et de sable,
aucun ne m’a cloué à son soleil.
Mais rester libre d’en revenir
c’est être libre de les oublier : j’ai voulu voyager
sans passé à poser dans des traces.
*
Je garde du ciel pour plus tard
et j’éteins celui-ci
pour qu’on ne me voie ou me vise
pendant que je jette le vent dans vos arbres,
le feu dans vos greniers,
pendant que j’arrache
d’entre vos mains jointes
vos fausses prières,
pendant que j’emplis
de sable votre soif.
C’est moi que vous entendez entrer de nuit
dans tout ce que vous êtes et possédez
pour le détruire,
pour qu’au vôtre jamais
ne ressemble mon ciel gardé pour plus tard.