Revue de poésie contemporaine

Trois textes

T

 

puis vous déci­dez : de ne plus, déci­der puis. par l’extrême cou­rant l’extrême, tem­pête, vous vous lais­sez : empor­ter. un silence bien plus grand en vous, vous, déci­dez sou­dain vous, du fond de vos corps, cette fidé­li­té à l’os, et à la pierre. dans votre deve­nir miné­ral dans votre lente des­cente : vers le sol vous, déci­dez : de deve­nir. la langue très langue encore en vous ça : déborde la langue très langue vous, déci­dez, de ne plus jamais déci­der. quelque chose du désastre s’agglutine dans votre lente avan­cée quelque chose, s’agglutine du désastre, votre avan­cée, lente votre, désastre, quelque chose s’agglutine, du, dans, votre désastre, quelque chose avan­cée lente, s’agglutine votre, désastre dans, du votre lente, désastre s’agglutine, quelque chose, dans s’agglutine votre, désastre lente, du dans du, quelque chose, s’agglutine, votre lente avancée.
ça n’a pas de
prises ça.
quelque chose :
échappe vos.
ça échappe
n’a pas.
ça : dans.
devenir-terre.
devenir-pierre.
devenir-tempête.

quelque chose de la rage et du silence vous rat­trape, quelque chose : de la rage vous, incite à, espé­rer. seule­ment la langue, seule­ment, seule­ment la langue, seule­ment la langue seule­ment, seule­ment, la langue, seule­ment seule­ment la langue, seule­ment, seule­ment la langue, seule­ment. seule­ment la langue.
il y a une déchi­rure une, dis­lo­ca­tion une, dans les yeux une dis­lo­ca­tion la, pos­si­bi­li­té d’une faille ça : tra­verse le regard tra­verse pour­tant tra­verse. ça se : pos­sible se, devient. il y a une déchi­rure. quelque chose qui ne peut être : conti­nué pour­tant. il y a : une déchi­rure. quelque part dans la nuit ça tra­vaille ça, engendre, d’autres syn­taxes, quelque part, dans le, vivre. la déchi­rure encore et jusqu’à la fin jusqu’à la nuit, d’autres syn­taxes et, res­pi­rer, bien au milieu res­pi­rer, res­pi­rer tou­jours, bien au milieu, res­pi­rer encore res­pi­rer, la : déchi­rure, comme jamais bien au milieu, res­pi­rer, tan­dis que
vous
ne
savez plus
com­ment finir
vous,
ne savez
plus,
com­ment ce
silence
à finir vous
ne
savez
plus.

com­ment finir vos jours attendre lorsque, rien n’a com­men­cé, finir vos jours com­ment attendre lorsque, vos jours com­men­cé rien, n’a lorsque finir, com­ment vos jours, lorsque rien lorsque, attendre finir, rien com­men­cé vos, jours lorsque, com­ment, com­ment finir com­men­cé, vos jours rien, lorsque, finir n’a : com­men­cé rien vos jours, attendre finir, rien vos jours rien, lorsque finir com­ment, attendre commencé.
vous vous deman­de­rez vous espé­re­rez, seule­ment demain autre chose seule­ment demain, vous vous deman­de­rez, ce qu’il res­te­ra après votre départ seule­ment. ce qu’il res­te­ra, lorsque vous aurez fran­chi le seuil la fron­tière, fran­chi dévié chaque che­min dévi­dé évi­dé. vous vous deman­de­rez, vous espé­re­rez. lorsque vous aurez fran­chi. vos len­de­mains pas tout-à-fait clairs pas tout-à-fait consis­tants, vos len­de­mains, et ce qui vit au-des­sous. vous par­lez d’une langue inerte votre peau votre, langue, par­lez inerte votre peau, d’une langue inerte, vous par­lez d’une peau inerte, votre langue d’une peau vous, inerte, par­lez d’une langue d’une peau vous, par­lez, d’une peau d’une langue inerte votre, peau, vous par­lez, d’une langue inerte. d’une nuit à l’autre vos yeux tentent de per­cer, l’aveuglement qui rampe d’une nuit à l’autre comme une angoisse, les pierres vos yeux de ne plus sai­sir, l’aveuglement, rampe. d’une nuit à l’autre. comme une angoisse.
chaque matin
la nuit,
la nuit chaque
matin la,
nuit le
matin chaque,
nuit la
chaque nuit la.
chaque.
une angoisse diffuse.

 

Auteur(s) / Artiste(s)

Yannick Torlini

Né en 1988 à Nancy, poète et explorateur de la malangue, Yannick Torlini anime depuis 2010 le blog Tapages (http://tapages.over-blog.fr/), qui s’attache à mettre en avant les liens entre corps, voix, et langue, dans un activisme du poème au quotidien.
Il a publié en 2012, aux éditions l’Harmattan, une étude sur Ghérasim Luca : Ghérasim Luca, le poète de la voix : ontologie et érotisme.
Ses dernières publications poétiques : Nous avons marché (éditions Al Dante), Camar(a)de (éditions Isabelle Sauvage), et Tandis que (éditions Derrière la salle de bains).
Il participe à de nombreuses revues, dont Doc(k)s, Ouste, ATI, Contre-allées, Art matin, Boxon, Phoenix, Place de la Sorbonne, Dissonances…

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