« rien ne s’arrête
pas même
ce qui s’arrêtecomme les mots continuent d’écrire
un poème jamais écritun souffle dans la tempête. »
Poèmes de Vincent Motard-Avargues
Tous les ans
le même rite
malgré pertes
et silence
je dresse les noms
sur la table oblongue
où filent les ombres
l’été avale le froid
qui ne sait frissonner
la nuit est une plaie d’ors.
Ces regards
qui se perdent
en la brume
du jour
ces corps
qui se confondent
avec l’oubli
ces propos
qui ne disent pas
ces parfums qui s’évaporent.
Je bois
un café
avec toi
sur la terrasse
le soleil nous
abreuve
d’hiers
je me fous bien du jour
et de son cul gras
quand tous les corps semblent maigres.
Des murmures
sur la peau frileuse
de la Garonne
au matin
je compte
les brindilles
dans mes yeux
la terre aqueuse
où tout glisse
ce qui coule.
Dans le jardin
les chats mangent le soleil
en buvant l’ombre
de la table
rien ne s’arrête
pas même
ce qui s’arrête
comme les mots continuent d’écrire
un poème jamais écrit
un souffle dans la tempête.