Revue de poésie contemporaine

le bonheur (medvedkine, chant muet)

l

on plon­ge­ra dans le bonheur
de medvedkine
un chant muet nous don­ne­ra la parole
un silence sera plein de rires
un silence nous cou­vri­ra de fleurs
on enver­ra la mort
se faire voir dans le noir et blanc
on lui laissera
la der­nière danse dans long­temps la vie
en accor­déon pour l’heure
on se couche dans les plis
on s’étire comme après un sommeil
trop pro­fond on s’étire
comme sous le pre­mier soleil
un chat
dans la gorge fait dérailler un peu
nos oui

on se relè­ve­ra cette mort
c’était donc pour du beurre et on rit
on rit et viens
je te dirai
donne-moi la main nous irons
cou­rir à tra­vers champs tu me dis
il n’y a pas de champ
je réponds regarde
comme cou­rir jette des graines
de mau­vaise herbe tout autour de nous
comme en rire à perdre
haleine y fait éclore
des coquelicots

on se demande alors mais de quel hiver
était-il question

si l’on tombe on roule vers où je ne sais pas je ne veux pas
le savoir tant qu’on roule à quoi bon
les ques­tions puisque le monde le monde n’est
que cet ébou­le­ment doux qui entraîne
l’herbe le ciel le soleil ensemble dans
le creux des corps serrés
et ça ne s’arrête plus

si je chante c’est avec
un accent russe dans la bouche un air
de cosaque bra­vache ivre c’est la vie
sans fin le car­na­val je chante fort
et faux c’est vrai
et je vou­drais que ton rire
couvre les paroles
comme ton corps mon corps

le bon­heur ça se trouve
sous le sabot d’un cheval
au galop dans le saut
d’obstacles dans la tourbe dans
le rire le hennissement
ça se foule c’est loin
ça se voit
encore
cabré
quand il ne reste là-bas
qu’un nuage
de pous­sière pour dire comme
nous l’avons trou­vé nous l’avons
mal­me­né nous n’avons fait
qu’oublier de nous poser
un ins­tant reprendre
en lui
notre souffle

mais il est tard maintenant

Auteur(s) / Artiste(s)

Philippe Païni

Il vit et travaille à Marseille. Il a publié un livre de poèmes, La somme du feu, aux Editions de L’Atelier du Grand Tétras et a participé au recueil collectif franco-suisse Creuser les voix aux éditions Samizdat. En 2012, ont paru Les visages s’effacent aux éditions Potentille et Architecture de l’orage, aux éditions Contre-allées.Il anime, avec Serge Martin et Laurent Mourey, la revue Résonance générale, cahiers pour la poétique, qui travaille ensemble écriture du poème et théorie.

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