Dans un éclat de givre la nonnette
éclabousse de graines la faim de l’aube
arrachée à ton sommeil
Est-ce la lune ou le soleil
luisant sur son jabot de rose
pâle / est-ce semence ou débris
annonçant l’aurore /
à l’horizon un champ de ruines
de cette nature dont on ferme sans arrêt
le chant des fenêtres
Dans un éclat de givre la nonnette
éclabousse de graines la faim de l’aube
encore accrochée à ton réveil
L’œil à regarder de si près tous les replis internes
du duvet où se nichent tous les hivers
tous les automnes
accroche encore l’espoir
quelque part
dans le passage jusqu’au soir
des passereaux noirs
Dans un éclat de givre la nonnette
éclabousse de graines la faim de l’aube
encore accrochée à ton rêve
où l’on cogne à l’huis clos bien qu’il n’y ait
Personne
Soleil sale
le sang des drames du silence
& mon sang coule
dans ces rus sous l’épiderme
des ruelles
jusqu’à l’absence du poème où
mon cerveau phosphore & source
Roule /
délesté du bruit grégaire /
des foules-
matadors
Défait de ces caillots de tourbière
où la lumière / explose
obstruée par un soleil sali
par tant de haines
/ guerrières
J’use mes carnets
bien que j’eusse des années
à tailler mon encre
à vide /
à vif
dans le sang des peupliers
Mais quelle véritable durée
fera remonter la sève
se fluidifier les rives
jusqu’au pont traversé
des poèmes ?
Attendant
je me la taille douce
écrivant
auprès des sources
irriguée d’écritures
gravées de rêves
Une guêpe lève le printemps
essaimée de soleils
au cœur noir de février
Piqûre de rappel
Avril en gelée blanche
se tient froid
sur les lignées
Sur le seuil
un astre de magie noire
raye l’espoir
où l’hiver s’acharne
Abdomen d’abeille
pollinisé, le soleil
accroche son rêve
au retour des migrateurs
Blanc
le domaine réservé du givre
brouille les pistes
fond les repères
confond les tanières
lève le lièvre
à chaque détour à chaque question chaque frayeur
relevés par tant de mystère
par tant d’irruptions
Tombe transi l’essaim de guêpes
Grandit, plus fort que la haine
le règne bleu des abeilles