1
la peur comme un serpent m’attache au lit
la fenêtre est ouverte j’entends le soleil
j’entends traîner les corps dans la rue
crépiter toutes les mues sous le ciel
j’entends le bruit et le silence aussi
le vide dans l’échancrure des tissus
des femmes mettent les voiles
d’autres les ôtent
à l’intérieur j’enfile ma peau
je sue l’encre ma peur dans les draps chauds
2
je ne distingue pas ton visage
ton ombre ramassée
entre la vitre et le lit
ton corps pèse
impose
la ligne de la nuit
3
je ne suis pas la première
à vouloir que le noir
m’arrache les cheveux
et le cuir
et le crâne
et les lobes
et les yeux
à vouloir que la baise
me fasse sentir mieux
4
j’attends
que ton sexe calame écrive
que le mot écrabouille le poids
que sous les draps
s’avale le jour frileux et gris
j’attends parfois je dérive
5
je regarde la petite peau de lait rouler dans la paume de ma main
je pense à d’autres peaux qui n’en finissent pas de se déchirer
quelque part au lointain
des peaux rosâtres qui pendent
sur des lèvres sèches
qui pointent entre l’ongle et la chair
tout file à vive allure
je pense au corps froid au soleil
à des détails
la mort petite ou grande dans le ventre du jour
sous l’écorce des cris qui rendent sourds