1
l’épée qui s’agite au-dessus de nos têtes
est le plus souvent caché dans son fourreau
je te regarde zipper ta peau
rassembler tes organes
tenter de te convaincre
combien la vie est
2
la vie
celle là même
dont nous voulions tordre le cou
dans une grande
furieuse
tempétueuse
impérieuse baise
3
comme si la mort petite faisait moins mal
comme si les cercles de peau dilatés
nous tenaient
à bout de mots
sur le fil du rasoir
la douleur consentie et secrète
nous faisant oublier jusqu’à son nom
4
je marche au côté des muets
au côté des sourds
au côté des aveugles
nos orbites sont vides
nous allons à tâtons
nos visages tournés vers le ciel
nos mains contre une hanche
un genou un mollet
certains vont à quatre pattes
d’autres usent de souliers
la plupart rampe
tous manient l’illusion
5
je porte ta peau en rempart contre les hommes qui vont
à l’aveuglette dans la rue attaché case en mains
couteaux ou liasses en poche
têtes miniatures en trophées au bout de chaînes
contre tous ces hommes qui agitent leur taser
vers ma jupe relevée
je porte ton poitrail ouvert comme une cape
qu’importe que les mots s’échappent
qu’ils n’aient jamais été
nos suffocations n’ont rien à voir
avec la fuite
les chiens affolés halètent
les chiens affolés jappent
frénétiquement
derrière leur queue
nous
nous laissons sur l’asphalte
des traces rouges
sous nos corps déchirés
Ces poèmes sont extraits du livre publié aux éditions du Cygne + d’infos