Le faux-profond
Chez lui,
du vague, de l’OBSCUR,
de l’ineffable, en veux-tu, en voilà,
de l’affecté, de l’abs-
cons à la pelle,
des afféteries de voix fardées
de poudres
aux yeux qui ne feront jamais
tousser de ridicule
les flagorneurs de tout poil !
Tu voudrais bien pouvoir te hisser
à sa hauteur,
au très haut niveau d’acuité
qu’exigent les arcanes langagiers
de son grand art.
Mais tu n’y arrives pas.
Non,
vraiment pas.
Perché, un peu branlant,
sur tes échasses
d’humble lecteur,
tu as beau fouiller, tourner, retourner
la tête
et les mots en tous sens,
RIEN
ne vient,
RIEN
ne parle,
RIEN
ne reste,
sinon qu’une fatigue aride
et un bâillement désolé
à force de vouloir soulever
un éminent vulgaire faux plafond de plus.
Le forcené
- Ecartez !
reculez !
Le pire est à craindre
d’un individu
venu là pour régler
quelques mécomptes
d’auteur.
Ecartez !
reculez !
Notre forcené
est armé d’une fleur
de peau
et il risque fort de dégainer
sa langue.
- Euh… oui, chef, mais…
si je peux me permettre,
faudrait pas qu’on tarde
à intervenir
si on veut libérer sain et sauf
son orgueil.
- Surtout pas, malheureux !
L’indifférence,
le silence,
voilà le seul plan d’action
que je préconise
en de pareilles circonstances.
Poèmes : Morgan Riet
Gravures à l’eau-forte : Matt Mahlen