Librations
Jusqu’où peut aller la danse,
Dans le tumulte d’un tapis nocturne ?
Qu’accompagne, au juste,
Cette lumineuse euphorie ?
Les mains, semblables à des fruits aveugles,
A des fruits de questions,
Froissent la page d’éther
Qu’entretient le quiet phénix.
Et la robe, de ses flammes, enveloppe
La danse qui se lave à l’ivresse de l’éphémère.
Tant que semblent durer
Cette nuit, cette barque,
Ce port, ce pont, ce phare,
Je chanterai cette lune aux arabesques fœtales.
Lierres sanguins
Pour tout bouclier,
La feuille qui tremble
Et un masque de roses
Habité par ton ombre
Qui se sépare de son collier de cris
Semé aux quatre tracés du futur tu.
Ciel gelé,
Sous la crasse gluante d’une mémoire
Qui n’en finit pas de se multiplier
En lierres sanguins.
Astre inondé d’astres.
La porte du livre se referme
Sur le roucoulement du pigeon
Et les lettres, en cage, recousent
La mèche de l’alphabet.
Bris
Dans les fragments d’une mémoire éclatée,
A germé le fluide de tes caresses.
Quand ton ombre, se levant, m’a éclairé les yeux,
J’ai cru, en dormant, t’avoir pour l’éternité,
Évanescence moqueuse d’une tache essuyée.
Comme une larme collée à la vitre de mon cœur,
Tu t’approchais, sur la mousse de tes pas,
En suivant mes soupirs.
Et quand, à l’aube, ont fui les hiboux,
Tu m’as offert la blancheur d’une colombe.
Oublier l’arc de tes cils
Serait insulter l’éclair.
Je m’accrocherai à tes ailes,
Pour quitter cette étouffante citadelle.