Je suis né en 1948 à Rennes où j’ai suivi des études classiques et universitaires de langues étrangères. En 1969, j’ai épousé la femme qui depuis m’accompagne et c’est aussi la même année que j’ai découvert en deux années de coopération –coup de foudre et émerveillement- le désert et son silence
habité, immense et métaphysique. Retour en France en 1971, à Quimper, où j’ai exercé le métier d’enseignant jusqu’à ma retraite en 2008. Au début des années 80, après des années de photos noir et blanc, j’ai recommencé à peindre et dessiner en réapprenant, en pur autodidacte, à figurer le monde visible dans des paysages, des portraits, des natures mortes.
Puis, en 91, insatisfait de l’évolution de mon travail, je me suis orienté vers une expression non-figurative, pressentant la possibilité d’une présence au monde plus intérieure, plus prégnante et plus vraie. Ma démarche picturale s’est évidemment accompagnée d’une longue recherche d’un vocabulaire qui me soit propre. Et ma peinture s’est aussi révélée plus mentale, introspective et méditative tout en préservant son ancrage primordial dans un monde incarné et sensible.
Durant la décennie 2000/2009, le galeriste quimpérois Patrick Gaultier m’a fait confiance en m’ouvrant les portes de sa galerie pour y accrocher mes toiles à ses cimaises. Confiance qu’il m’a renouvelée à plusieurs reprises tout au long de ces années jusqu’à la fermeture de la galerie en 2009.
En 2007, la toute nouvelle galerie « Les Stèles » à Huelgoat m’a proposé une exposition inaugurale, suivie d’autres, et c’est à cette occasion que j’ai pu rencontrer de nombreux poètes (à commencer par le poète morlaisien Daniel Kay), tous amoureux de peinture, qui m’ont confié des textes et amené très vite à la réalisation de livres d’artiste. Une féconde synergie de travail et d’échanges entre peinture et poésie s’est alors enclenchée et, pour moi, une toute nouvelle aventure picturale. Le livre d’artiste, lieu de partage, de dialogue où l’artiste se révèle à soi-même peu à peu par la rencontre avec l’autre et l’exploration de nouveaux territoires puisqu’il s’agit alors de donner corps à un nouveau questionnement et de découvrir de nouveaux territoires. Depuis
2008 j’ai réalisé avec la complicité de nombreux auteurs (et de Jeanne Frère pour les emboîtages) une quarantaine de livres.
A présent, quel que soit son support — toile ou papier — et quel que soit son aspect formel — grandes plages de couleurs ou fragmentation infinie par le froissement des feuilles peintes et repeintes — ma peinture me semble naître du monde et des mots et chercher obstinément à en exprimer l’in-dicible, la
face cachée. Je veux en dire les géographies de l’âme, les lisières fragiles, lesharmonies et les discordances, les blessures, les musiques murmurées, la mémoire enfouie, les traces aléatoires, les patientes empreintes du temps et des mots; et surtout, peut-être, retrouver le silence.
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