(traduction inédite de Cécile A. Holdban)
Le nouveau manuel de poésie
pour Greg Orr et Greg Simon
Les restes
Je me vide du nom des autres. Je vide mes poches.
Je vide mes chaussures et les laisse sur le côté de la route.
La nuit je recule les horloges ;
J’ouvre l’album de famille et regarde des photos de moi enfant.
Quel bien cela fait-il ? Les heures ont fait leur boulot.
Je dis mon propre prénom. Je dis au revoir.
Les mots se suivent sous le vent.
J’aime ma femme mais je l’ai fait partir.
Mes parents se relèvent de leurs trônes
dans les chambres laiteuses des nuages. Comment puis-je chanter ?
Le temps me dit ce que je suis. Je change et je suis le même.
Je me vide de ma vie et ma vie reste.
Renoncement
Je renonce à mes yeux qui sont des œufs de verre.
Je renonce à ma langue.
Je renonce à ma bouche qui est le rêve constant de ma langue.
Je renonce à ma gorge qui est la manche de ma langue.
Je renonce à mon cœur qui est une pomme brûlante.
Je renonce à mes poumons qui sont des arbres qui n’ont jamais vu la lune.
Je renonce à mon odeur qui est celle d’une pierre voyageant sous la pluie.
Je renonce à mes mains qui sont dix vœux.
Je renonce à mes bras qui ont quand même voulu me quitter.
Je renonce à mes jambes qui ne sont des amantes que la nuit.
Je renonce à mes fesses qui sont les lunes de l’enfance.
Je renonce à mon pénis qui murmure des encouragements à mes cuisses.
Je renonce à mes habits qui sont des murs qui soufflent dans le vent.
et je renonce au fantôme qui vit en eux.
Je renonce. Je renonce.
Et tu n’auras rien parce que je recommence sans rien.
La nouvelle année
C’est l’hiver et la nouvelle année.
Personne ne te connaît.
Loin des étoiles, de la pluie de lumière,
Tu es couché sous le temps de pierres.
Il n’y a pas de fil pour te ramener.
Tes amis somnolent dans le noir
de plaisir et ne peuvent se souvenir.
Personne ne te connaît. Tu n’es le voisin de rien.
Tu ne vois pas la pluie qui tombe et l’homme qui s’éloigne,
le vent sale qui souffle ses cendres dans la ville.
Tu ne vois pas le soleil qui traîne la lune comme un écho.
Tu ne vois pas le cœur meurtri s’élever dans les flammes,
les crânes des innocents devenir fumée.
Tu ne vois pas les balafres de l’abondance, les yeux sans lumière.
Tout est fini. C’est l’hiver et la nouvelle année.
Les humbles halent leurs peaux jusque dans les cieux.
Les désespérés souffrent du froid avec ceux qui n’ont rien à cacher.
C’est fini et personne ne te connaît.
Il y a la lumière des étoiles dérivant sur l’eau noire.
Il y a les pierres dans la mer que personne n’a vues.
Il y a un rivage et des gens qui attendent.
Et rien ne revient.
Parce que c’est fini.
Parce qu’il y a le silence à la place d’un nom.
Parce que c’est l’hiver et la nouvelle année.
L’apparition de la lumière
Cela arrive même sur le tard :
l’apparition de l’amour, l’apparition de la lumière.
On se réveille et les bougies sont allumées comme d’elles-mêmes,
les étoiles se rassemblent, les rêves se déversent dans vos oreillers,
en envoyant de chauds bouquets d’air.
Même sur le tard les os du corps brillent
et la poussière de demain brûle dans le souffle.
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