Dans le halètement
du jour qui se dérobe
l’air tout entier
tremble
parcouru de lueurs
loques de lumière
qui ondulent
à travers les siècles.
L’aurore
immobilise
le ciel assailli de sel
en retrait dans le jour exact
une minérale rumeur
frôle la sagesse
du regard qui s’estompe
gorgé de sel.
L’infime infini
de nos pensées
s’éclaire
dans les psaumes
des pluies ardentes
empli par les réponses ténues
à de sombres questions.
Chaque vibration du jour
ramène aux clartés incertaines
et épaissit les incertitudes
Une respiration fragile
me conduit au-devant de moi
et au tout dedans de moi
Les mots resserrent leur trame.
Je creuse les mots
qui tiennent en éveil
au bord de la falaise
un étroit passage
imperceptible et fragile
entre être
et vivre.
Là où demeure
la mémoire obscure
l’ombre condense
l’évidence brûlante
des mots
éclair pétrifié
de notre propre vie
ignorante d’elle-même.
Dans les fissures
de la mémoire
le peu de terre
remonte péniblement
vers nous
éparpillé.
Tout est couleur de silence
et s’éternise
en la transparence de l’instant
L’essentiel se tait
Il n’accorde que l’énigme
d’un ultime éclair
pour le découvrir.
Les pierres
me coupent de leurs arêtes vives
pour pénétrer le silence
je dois me dépouiller de moi-même
avant de disparaître
à nouveau
dans l’ombre des mots.
Le ciel grave
quelques copeaux de lumière
quelque chose ici
se murmure
qui échappe à la mort.