les murs sont de vent dans la chambre du haut
on ne se peut sur le seuil
que nu
les murs sont de vent
le plafond d’innocence
il n’y a pas de meubles dans la chambre du haut
y accueillir le vent
entre les mains, patientes
là, le feu
il faudra un temps pour l’accorder au vent
mal entouré, il s’éteindra
mal entouré, il brûlera
un temps, une vie
et une nuit on saura
le geste qui convient
tout, autour, s’éteindra
dans la flamme dressée corps et le murmure du vent
…
Les soirs d’ennui et les nuits basses,
où les étoiles ne sont que du ciel.
Faute d’amour me voilà prêt
à la plus médiocre des lâchetés.
Ouvrir le cahier,
m’inventer
une âme pour contrer la nuit.
Je laisse le cahier dans l’ombre.
J’ouvre la porte, la referme.
Et quelques pas dans l’escalier, le seuil du dehors,
où mon corps.
Je n’y vais pas en quête d’amour.
Je n’y vais pas en soif d’âme.
Je vais la nuit marcher me taire.
Entre les façades.
Sous les étoiles.
…
visage je m’attends
l’aube de terre blanche
rien ne reflète ici la nuit qui se replie mon corps la peau attend le tout premier frisson
il est encore trop tôt,
m’accorder un visage
debout face à me tais j’attends de l’horizon le vent m’entoure et terre me fasse chair et sang
visage je m’attends
dans l’aube de terre rouge
où l’aube de terre ouverte
frissonne l’horizon
immobile et silence corps je retiens le vent s’engouffre et des os le ciel ouvre la gorge
il est encore trop haut
me forger un visage
il est temps corps les lèvres s’entrouvrent et l’alliance entre ce qui est corps ce que je peux y naître
visage je m’attends
lèvres au bord de, et moi
l’aube de terre blanche
l’aube de terre rouge
l’aube de terre chair frémissante les lèvres accueillent l’horizon le tout premier frisson
-le cadeau-
à écrire dehors, ça devait arriver
en tant d’années j’ai tout eu
tempêtes de sable et de neige
le vent qui arrache les pages les disperse les voilà perdues
la pluie, le sang d’une blessure
et même, quelques fois, des mots
mais ça
c’est la première fois
une crotte d’oiseau dans le cahier
comme ça, d’un coup
tant d’un seul coup
la quête de la nourriture, l’avaler, le long chemin de la transformation de la matière pour que la vie continue,
la déjection
ah ! si j’écrivais aussi vite…
-poèmes, à peine-
des mots qui s’enchevêtrent
se frôlent, se plaisent à ces caresses
des mots qui se séparent, se doivent à la distance
des mots à peine nés
ils effleurent un visage, ils approchent les lèvres, s’y couchent,
et un frisson
des mots sans prétention, ils ne bâtissent rien
ils laissent où ils passent l’épure d’un vertige sur la peau du silence
ils préfèrent s’effacer,
aussitôt murmurés
ces mots d’un cœur qui bat dans ce bar poisseux où des filles sans ventre marchandent ce qu’elles ne sont plus