« Le merle, avec son chant
bâtit
un dôme, une cloche, un monde,
un globe de cuivre,
auquel il nous offre provisoirement
d’avoir part,
une cerise pour l’ouïe,
tout ensemble une arrivée et un départ,
avant que dans son silence
d’un coup
il ne l’avale. »Poème de Jean-Marc Sourdillon
Il y a quelque chose de rond
et d’arrêté
dans le chant du merle :
une bulle, une lune, un monde,
ou, pareille à son œil,
une goutte d’aurore
en suspension dans le soir.
C’est à cet air d’interloqué
que nous lui devons d’aimer notre attente.
N’a‑t-il pas su faire de nous,
tout entiers accaparés par elle,
un ample monde sonore
pareil à ce volume d’ombre
juste avant la musique
dans le fragile coffre en bois
des instruments à cordes ?
∞
Le merle, avec son chant
bâtit
un dôme, une cloche, un monde,
un globe de cuivre,
auquel il nous offre provisoirement
d’avoir part,
une cerise pour l’ouïe,
tout ensemble une arrivée et un départ,
avant que dans son silence
d’un coup
il ne l’avale.
∞
Son chant ? Comme son œil,
une goutte de café,
avec un reflet d’aurore.
Un genou aperçu
en passant
par l’échancrure
d’une robe.
Un geste qu’on n’attendait pas,
détaché d’une présence,
et qui éclaire, ouvre un accès.
Ce qui était impossible hier
ne l’est plus tout à fait.
∞
Un sourire dans un visage habituellement fermé,
Un baiser près d’un taxi.
Quelqu’un là où l’instant d’avant
il n’y avait personne.
∞
Sa jubilation ?
Un « je » en légère ébullition.
Entré par l’ouïe,
de l’autre qui se mêle à ma vie
et qui éclot,
quelque chose de rouge et d’encore sombre,
et aussi de rond, de plein,
de presque gourmand,
une goutte de pluie
à l’entrée du jardin,
qui monte
et qui s’évapore
comme si elle devait porter le monde
puis le devenir.
Mais à l’instant où
précisément
elle le devient
long silence soudain
qui dure jusque dans l’aurore.