Le Golem est une créature des légendes juives. Extrait d’un grumeau de boue, façonné par la main de l’homme, horrifié par le résultat, il s’est enfui. Devenu introuvable, certains assurent qu’il ne peut pas mourir ; d’autres, qu’il se cache, que son nom est sa cachette, puisque l’une des étymologies de golem est cocon.
Comment repère-t-on un golem dans un film ? Par un effet de « lentille cinématographique ». Soit un espace nu avec le soleil dessus. Soit le passage entre ledit espace et l’œil d’un objet terne. Le surcroît de luminosité que cela induit autour de l’objet. Le golem n’est pas dans le plus de lumière ni dans l’aveugle matité, il est dans leur rapport. Rapport disjonctif.
Dis-moi, il partait vraiment avec elle ? — Oui, fait signe de la tête le jeune homme muet. Ce sont les derniers mots de La Griffe du Passé de Jacques Tourneur. La femme qui les a prononcés s’assied dans une voiture qui l’emporte. Frappe la couleur mate de sa carrosserie. Elle absorbe le soleil sans rien en réfléchir ni transmettre. Mais sur sa ligne de silhouette l’air brûle comme un train d’allumettes. Une traînée de poudre. C’est le Golem.