1
Parfois ça vient tout seul.
Ça coule de source comme on dit.
C’est même plus que ça.
On n’a pas besoin de chercher d’où elle vient
ni où elle va.
Elle est là.
Enfin.
2
Parfois ça ne vient pas.
Quoiqu’on fasse
ce qui vient
s’en va.
Ça glisse partout.
Rien ne s’accroche
sauf le vent.
On jette un œil sur ce qui reste
et ce qui reste
est hors d’usage.
Ce qui reste,
l’inutile
tout entier
profondément.
Encore.
Encore une fois.
3
Il faudrait savoir se laisser porter
comme les branches.
Il faudrait y revenir
comme on peut
avec ce qu’on a
avec ce qu’on n’a pas.
Aller vers le bleu.
Compter les étoiles
et jeter ce temporaire.
Ôter le surplus
qu’on tient pour précipices.
Il faudrait souffler
hors de soi
pour que l’infini
puisse entrer.
De nouveau.
4
Hier
il m’a dit
Tu as la parole
Il m’a dit
Tu es libre
Il m’a dit
te lire ça emporte
te lire ça se passe dans la joie
Il m’a dit
Je ne sais pas pourquoi
ton écho caresse le mien
si près
et mon ombre
se laisse prendre
par ta lumière.
5
Je n’ai rien dit
(souvent, je ne sais pas dire en vrai)
J’ai pris mes doutes.
Je les ai mis au vent.
Ils ont fait comme les oiseaux
qui d’un seul élan
emportent tout.
Le vent s’est accroché à eux.
Et malgré moi,
j’ai pu être.
Une autre fois
encore.
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