I.
Pas de faste dans les ombelles portées haut
Pas d’exubérance dans l’éparpillement des fleurs
Véronique, narcisses, œillets et asphodèles
Du blanc du rose du bleu du jaune
Comme on dit le pain et le vin
Sans nuances pour blesser leur candeur
C’est de l’origine parcourant tes recoins
Un cri brusquement doré
Qui se cogne aux parois
Puis s’éteint dans des mots élimés
Il faudrait des paroles semblables aux fleurs
Avec leurs principes avec leurs parfums
Le vent prend corps dans l’herbe haute
Mais nous
Qui nous consolera de la césure ?
II.
La lumière
Une poignée d’oiseaux
Tout ruisselle
Du feu crissant des genêts
Ricochent des tremblements de soleil
Clartés prolongées dans les sonnailles
Marguerites libérées des prophéties
Tout se tait qui ne soit oiseaux ou grillons
Plus rien ne pèse pas même les pensées
Peur abandonnée dans les bois sombres
Débris de nuit enfermés dans la neige
Séisme lent dans le parfum sourd des narcisses
C’est le grand corps de la terre
Gorgée d’eau vaillante et d’astre tiède
Un homme une femme
Une coulée d’ombellifères
Ils avancent
Souverains
III.
Alouette envolée du poème
Son chant vertical
Dans l’espace aux doigts de pluie
Océan d’herbe haute balisé de genêts
Frémissement des ombellifères
Constellations de boutons d’or
La prairie brasille
Le ciel partout
Entour lustral
Où régénérer le cœur
Vie immédiate
Princière
Toute ombre disparue des asphodèles
IV.
Et le regard s’aimantait au juste horizon
Crête butant sur la ligne des nuages
Le ciel ensemence la terre
Pierre angulaire de l’herbe rase et du silence
Des flaques de pensées envoûtent les pas
Leur feu violet sur la terre déchiffrable
Toute nuit retardée par leur clarté
Air aminci dans le vent naissant
Air un peu triste au jour tombant
Crainte sacrée de la neige du Monde
Mais la promesse d’un giron de pierres
Mais la certitude d’une flambée
Le présent bien chaud dans un bol de faïence
[…] […]