Quand les sucs le soir s’exhalent
Le noyer s’appuie en songe
Au tertre où rampent des feux
A la vigne vendangée
La vie a joint ses douleurs
Au souffle ému de la grâce
Les deux mains du paysage
Sur la veilleuse intérieure
*
Les peupliers sur la rive
Du verger font bonne garde
Les cueilleurs sont de passage
L’herbe vit pour les nuées
Au plus oublié frissonne
L’empreinte de la mémoire
Ce qui n’a cessé dans l’âme
De s’éblouir de rosée
*
La maison restait ouverte
Tout le jardin dans la porte
Le soleil lançait ses graines
De joie au secret des chambres
Parfois une dame en noir
Frappait au carreau La mort
Annoncée courait rejoindre
L’ombre embaumée du tilleul
*
Les peupliers sont en rêve
D’une rivière éternelle
Un fruit soudain se détache
Et va pourrir sous les herbes
S’en sont allés les cortèges
Le cœur empli d’espérance
Les morts sentent la vallée
Courir sur les pas du maître