Il fait si doux
Il fait si doux
Au bord de l’eau
Dans l’herbe fine
Et les premiers crocus
Il fait si bon dans le pré fleuri
Il fait dimanche
Je voulais t’écrire une jolie babiole
Puis un papillon s’est envolé
A quitté le pré pour la lande
Je l’ai suivi et l’ai vu
Chanceler
Sous le choc
De l’onde magnétique
Des corps qui se frôlent
Dans le silence
Des mots
Chanceler
Dans le parfum
Des cheveux livrés
Au vent
Dans la peur
De l’absence
Quand soudain le regard
S’égare
Chanceler
Sous le poids
De l’adieu
Quand le désespoir des nuits
Ajoute
À la noirceur du jour
Percer la ville
Marcher dans la ville
Traverser la solitude
Dédale de rues
Murs dressés sévères
Derrière les fenêtres
Opaques
Dans le froid des sentiments
Charité bien ordonnée
Relever le col
Harassé
Le pas lourd
Sous le camouflet
Chercher la faille
Dans la muraille
Aveuglée
Par sa propre lumière
Artificielle
La lumière
La lumière baigne la rue
D’un reflet de nuage
Ombre l’azur qui plane
Sur les arbres au cordeau
Gagne le caniveau
Où se déversent
Les amours
Le réverbère crépite
Dans le jour évanoui
Dressé sur ses ergots
Il clame aux cœurs
Meurtris
Le triomphe de l’obscur
Les nuages
Horizon barré
Ciel envolé
Restent les nuages
Suspendus
Au creux des lèvres
À l’ombre des cils
Horizon barré
Terre asséchée
Restent les nuages
Ombre ouatée
Sur la peau vérolée
De toutes les passions
Horizon barré
Mer sans écume
Restent les nuages
Fleur de sel
Grandie sur la misère
Du rêve avorté
Tristesse
Triste fleur cultivée
pour sa beauté
Triste leurre
Dans son aura
Poète perdu
dans les décombres
d’un imaginaire
compassé
Triste pleur cultivé
pour se justifier
Triste cœur
pour se racheter
Poète pétri
des intentions d’autrui
dans une rêverie
convenue
Triste fleur cultivée
du mal aimé
Triste amoureux
à perte de cœur
Poète maudit