Revue de poésie contemporaine

Silence

S

1

Le silence crisse
sous la dent du vers
vrille l’o­reille absolue

La lyre et sa clique
acharnées
décharnées
hyènes rieuses
dans une putride infamie
de mots crachés
à face de lune rousse
com­posent un air
que nul n’entendra

Seules les mouettes
éclairs des charniers
enchâs­sés au bord
de l’univers
tra­ver­se­ront le feu
nour­ri des absences

Le silence écorche
les langues saignées
aux pro­messes en blanc

2

Le silence ruisselle
égor­gé d’un vers silex
sous les doigts glacés

La musique dévastée
d’un monde désaccordé
par l’i­vresse de solitude
du métronome
à face de soleil roux
brise une à une
ses notes étranglées
que nul ne sen­ti­ra gémir

Seuls les cormorans
éclairs d’onyx
encas­trés au bord
des océans
cares­se­ront le froid
nour­ri des détresses

Le silence laboure
les langues scarifiées
aux espoirs écrasés 

3

Le silence étincelle
dans l’explosion
qui chasse le jour

Le chant et ses voix
éraillées
lézardées
en féroces saccades
à face rougeoyante
entament une mélopée
que nul ne saura
supporter

Seuls les goélands
éclairs voyageurs
arrê­tés au bord
des gouffres
ani­me­ront le gel
nour­ri des espèces pétrifiées

Le silence enfonce
les langues tailladées
aux dési­rs étouffés

4

Le silence s’échappe
des cœurs engourdis
pétris d’effroi

Les mur­mures bâillonnés
des émo­tions chevillées
par les nuits obscures
aux affres du jour
à face grimaçante
s’in­ten­si­fient en un chant
que nul ne pourra
inter­pré­ter sans frémir

Seules les hirondelles
éclairs de printemps
emboî­tées au bord
des cieux
conser­ve­ront le message
nour­ri des tensions

Le silence écrase
les langues meurtries
aux san­glots acérés 

5

Le silence se pose
sur les lèvres arides
ger­cées d’horreur

Les sons en cascade
des peurs échevelées
aux bar­be­lés du rire
confron­tées aux astres
à face rayonnante
explosent la gangue
de servitude
dont nul ne vou­dra plus

Seul le rouge-gorge
éclair de sang
scel­lé au bord
de la vie
gar­de­ra l’empreinte
nour­rie des violences

Le silence efface
les langues sacrifiées
aux volon­tés bienséantes 

6

Le silence s’impose
dans la négligence 
impu­dente du travail

La souf­france du temps
galo­pant dans l’éternité
dévo­rée à l’échelle
inhumaine
à face incertaine
intériorise
le rêve inespéré
auquel nul ne veut croire

Seul le moineau
éclair citadin
figé au bord
du vertige
pren­dra la hauteur
nour­rie des années

Le silence retient
les langues asséchées
aux hor­loges implacables

 

7

Le silence farte
ses pas de velours
sur la poudreuse

La buée des rythmes
ser­tis d’étoiles
surit dans le gris 
déshumanisé
à face glaciale
qui enserre
cristalline
les pensées

Seule la dame blanche
éclair nocturne
insé­rée au bord
de sa vision
hulu­le­ra l’obscur
nour­ri du passé

Le silence ravive
les langues brûlées
aux cimes éternelles

 

8

Le silence exhale
son souffle court
dans le givre bleu

L’illu­sion des cieux
gre­vés de nuages
lourds d’avenir
improbable
à face luisante
fuse sur l’ironie
comprimée
dans l’espace

Seul le Fou
éclair de Bass
immo­bi­li­sé au bord
de sa fringale
pêche­ra la manne
nour­rie du sel

Le silence ronge
les langues noyées
aux crêtes liquides

 

Auteur(s) / Artiste(s)

Gabrielle Burel

Née à Morlaix (29) en 1957, elle vit actuellement à Nantes. Fascinée par la mer et les Monts d'Arrée.

S'exprime au quotidien, de poèmes en nouvelles. Aime jouer avec les mots, leur insuffler un rythme, saisir les émotions d'un instant et surprendre le lecteur avec des histoires prises sur le vif.
Depuis 2013, diverses publications dans La Cause Littéraire, Comme en poésie, Le Capital des Mots, An Amzer, Les Hésitations d'une mouche, Le Moulin des loups, mgv2, Lélixire, Les Tas de mots, 17secondes, Libelle, Microbe, Variations d'une Plume  ... À venir dans Verso et Les Cahiers de la Rue Ventura

Son blog : http://theblogofgab.blogspot.fr

 

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