« Rien ne commence si ce n’est
Toi qui apparais en ces bords
Où l’eau rêve ton visage et tes mains
À présent sont douces et ruissellent. »
Poèmes et photographies de Frédéric Tison
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I.
Tu as su veiller dans le soir de l’arbre aggravé de fruits
En attendant ma nuit — et saisir
Mes ombres étonnantes qui passent
Et sous les branches basses
Au vent si fort enjoindre de tout retenir :
Maintes fois j’ai tardé — je sens
Maintenant s’entr’ouvrir mes mains. Tu me disais
Jardin lorsqu’il comblait ce silence
Où tu chantais. Jardin disais-tu
La foule de ces herbes affleurant ton lit
Heureux et sombre, jardin
Si je viens respirer la simple fois de tes fleurs.
II.
Très jeune histoire où tu fus le fiancé
Seul, avec le torrent que tu ne pus empêcher :
Plaçant tes ombres et tes jours ; tes lèvres
Emportées ; tes mains trempées ; riverain
De tes années ; et l’oiseau mort
Que tu portais sur ton grand dos voûté…
(Eau longue et pâle dans la glace
Où tu fus enclos ; très vieille histoire
Si la vie est de briser quelques saisons.)
III.
Rien ne commence si ce n’est
Toi qui apparais en ces bords
Où l’eau rêve ton visage et tes mains
À présent sont douces et ruissellent.
Regarde cette ombre : quelque lueur
Au miroir comme tout à l’heure le soleil
Passe. N’est-elle l’orient
De tes yeux — de ta lumière portée ?
IV.
Et même de bruit ton visage
Même de glace et même de roche
Éclairera les rivières si
— À la guise de l’ombrée —
Le lieu demeure la source où devenir.
Œuvre et que tes mains accordées
Ploient sous la lumière, ainsi que les branches
— Sous le vent exalté —
Puis reviennent, chargées de voix, d’appels !
Si le chant est de lancer vers le soleil.
DÉSIR TON RÉCIF
Été 2015