Au pied de la vigne son ombre se dessine sur la cabane en pierres il lui suffit de chanter pour croire un instant moi je continue sur le même chemin et en cueille les épines
Son ombre se dessine sans qu’on en voit les contours quand du bout des doigts je tiens ce pinceau et cherche la couleur qui crie comme un chant de victoire l’avenir au bout des doigts
Elle cherche à espérer femme sûre de sa flamme attend encore une fois l’aube le soleil van gogh et apollinaire la courbe de mon arc est bleue comme l’orage je me calme pose mon âme
Aujourd’hui il faut vivre mais si j’attends en marchant à rebours comme une menace pour mon chant je vis un éternel retour et dans un souffle reprends ma route
Je suis jusqu’à la vigne ce chemin de campagne où je l’ai vu la première fois au lever du jour premier regard pour le balcon fleuri puis il faut aller par un détour agir
Car chaque jour agrandit le cercle du hasard quand je n’ai cesse de chercher l’impossible
comme ces fleurs plantées multiplient la pensée comme ce dessin d’un sourire comme ces silences entre les lignes
* * *
Si dire n’est pas avouer voir c’est déjà vivre elle détourne son regard de l’écran femmes enfants battus violés oh la guerre elle leur met un bouquet comme moi mes mots
Quand j’aime admirer l’art et les lettres c’est cette voie que je suis elle va là où trouver du rêve à cet instant je pose mon âme je me calme la poussière du soleil forme l’aura de midi
Mais je préfère voir flou dans le bruit des cigales j’attends un souffle d’air tant j’aime que bougent les choses mes ifs sont rangés comme des petits soldats qui nous préparent la paix
Elle siffle sa chanson dans l’air chaud de midi c’est le mirage des routes de goudron j’en sens encore l’odeur je fais le tour de mon village tourne et tourne pédale comme une folle
Sous le soleil de plomb et j’ai toujours quinze ans quand vient le crépuscule s’il a suivi la même route j’attends chaque nuit de le savoir
* * *
Dans l’attente je me bats agite en tous sens mes bras je veux arriver à la fin voir la lumière des sourires le feu des artifices dans le noir du combat je me tais pour apprendre à hurler tout bas
Pour le Liban pour la Syrie ou pour l’Iraq chez nous aussi il y a du bruit mes murs sont mon secret j’use mes ongles contre leurs pierres parle la nuit mais on ne m’écoute pas
Elle la grâce illumine son lexique mais sans y croire elle avance mets ses pas dans mes pas nos ombres se rejoignent courbes dans les courbes comme des ombres chinoises nos murs s’animent pour l’Iraq
Ma voie est aérienne quand je suis funambule sur une lame de rasoir mais j’avance recueille l’eau des pluies et lave les blessures de ceux qui font la guerre et qui pissent le sang
* * *
Elle marche sur mes pas crie sa révolte chants et banderoles je lui donne le bras nous sommes à l’unisson marchons marchons le macadam brille
Oubli des petites rues comme des petites idées j’use mes semelles et les frotte aux pavés si dire n’est pas avouer crier est refuser je marche devant elle
L’aurore nous a surpris ciel rose sur la bastille nous chantons pour la paix le sang ne coulera plus nous nous battrons demain puis jours sans sommeil nos corps endoloris
Mais mon âme est en paix je dors à ses côtés mes bras sont repliés sur ma bonne conscience et sans serrer les dents j’attends le crépuscule
* * *
Le soleil chauffe la terrasse c’est mon champ de colza et ma lavande au pied des marches van gogh a peint ce paysage je prends les armes lorsque j’écris pendant des nuits d’orage
Les odeurs maintenant sont de pâles copies je siffle apollinaire en me levant jure de ne plus marcher et de ne plus attendre je sors mes papiers cherche ma musique et commence à chanter
Elle n’entend plus les notes que je joue fatigue qui la tue sa main n’avance pas quand l’impossible la hante et le blanc l’éblouit