AIGREFINE
Tranchante parmi le trottoir
Finement
Aigre, fine
A l’angle sale
Laissant espérer, par un engrenage
Brisures de brasseries
Apathie du jour et feux transpirés
Seule, cloisonnée dans ses tempes
Réduite à sa misère
Les marques sévères
D’une nuée de plaisirs contenus
Comme concentriques
Cloués au pilori
Autour le monde sommeille.
PLUIE
Je vais te dire c’est juste après
Que se sont produites les coïncidences
Après que les pluies transversales
Les soleils enfouis dans un ciel de mensonge
Les réticences et les indifférences
Comme des carapaces rétractiles
Après les signes perdus des pluies
Les gouttes coiffées d’électricité
Après seulement que naquirent les coïncidences
DERNIÈREMENT
Je croyais
A la poésie vide
La poésie blanche
La trainée de yaourt l’étalage
De pains rouillés, de tôles froissées
Je sais que dans la matière
Il y a des histoires qui se lisent
Questions posées
Questions lancées, ni à un dieu
Ni au vautour d’un dieu mort
Il n’y a pas de mer dans les entrailles
D’un coquillage
Il n’y a pas de fossiles qui soient des merveilles
Sur les terres en jachères
Les brûlis consumés les litres ingurgités
Juste des histoires lovées
Qui n’ont pas d’origines.
INDÉPENDANCE
Sphinx gisant mort
et comme omniscient œcuménique
touchant au plus salubre des sables
la colle millénaire qui le tient
Coulée de granit
coulée avance qui dans le sable enfante
qui d’un château visionnaire
soupire au sommet de sa pyramide
Coulée avance comme raison se fait
échoue dans un vol d’estomac
ventre du corbeau aux ailes défaites
Echoue sur l’esplanade immense
où le granit dispute le trône à la nervure
et le sable croque à leurs gencives
Dans ces mots à‑demi
langue tue d’un bourbier
sarcasmes de rongeurs silence de faux antiques
la parole du seigneur est portée au feu