Extérieur-Jour-Dans la rue :
Rouillé par l’asphalte et les soleils noirs, par les rêves bancaires qui mettent à vif, il avance, de jour ou de nuit, traînant son caddie-roulette à carreaux, remplis à ras bord d’objets insignifiants devenus outils de premier choix, il avance, avec son abri sur le dos, un vagabond camouflant sa noyade quotidienne par de brèves respirations, une bête histoire à mourir.
Ses poils crasseux collent à sa peau, des cheveux désordonnés parsèment sa figure, taillant des raies d’éclaircis sur son ombre et dans les prisons vides de ses yeux. Des icônes lumineuses de feux tricolores dirigent sa déambulation dans la foule / exilé de la civilisation marchant dans le sacrifice.
Il éclot entre les nœuds d’appartenance, comme une fleur du bitume façon punk à chien, son corps usé sous les intempéries.
De temps à autre, un individu s’abaisse à sa hauteur pour lui tendre un peu de fumée, qu’il fait aussitôt passer dans ses poumons, soif incandescente de cet oxygène nocif pour le cœur.
Extérieur-Nuit-Dans la rue :
Il flâne, danse entre les routes, accompagné par les mouvements irréguliers des sacs poubelles dans le vent. C’est cet homme là-bas, cette femme au coin de l’avenue, c’est n’importe qui.
Son âme est scotchée aux pylônes lumineux qui camouflent les dernières galaxies connues sous une brume électrique. Il l’observe, ce ciel, découpé par ces câbles qui forment un attrapeur de rêves géant, pour les gens de son espèce.
D’aspect neurasthénique, son regard défile sur les haillons qui lui servent à cacher la misère physique et surtout psychique de sa vie. Des trous et des fils décousus pour cette enveloppe élastique, déformée. Des mains vieilles avant l’âge, ridées, cornées, puantes.
Champ magnétique de ces commerces qui ornent les rues, où viennent s’éprendre les individus sculptés dans une philosophie de la futilité. Ces objets mourront lorsque le regard vivant que nous posons sur eux aura disparu.
Post-scriptum :
Descends en toi, oui, descends en creux de ton être, pour y lire une traversée.
Ce clochard, un peu flou, est un peu du monde.
Habiter parmi chaque instant, si près de soi,
Du cœur
Du souffle
Se brise
Dans le dégagement
Face à ce qui se dérobe
Sur le fil du temps…