l’époque de nos rêves un peu fous
toi tu t’éloignais du soleil
moi je m’approchais des falaises
il y avait une chaise une corde
un rire hystérique
te souviens-tu
et dans nos têtes des paroles
accompagnées d’une musique
que nous faisions semblant
de partager
comment le dire ce bleu lapis
confiné dans un tableau
que je n’aime pas
l’artiste nettoie ses lunettes
sa foi est l’inverse de la mienne
seul ce bleu nous rapproche
mais nous ne parlons pas d’une couleur
seulement de nos souvenirs
l’impression de cette couleur
vécue une fois pour toutes
dans nos passés respectifs
au lieu de bois métal au lieu d’air rien
aucune promesse à travers les vitres
ni bruit ni odeur vent sans souffle
lumière épuisée opacité transparente
sourire malade devant la tragédie invisible
d’un monde qui existe comme un souvenir viral
où toute nécessité reste à créer
squelette de hasard
squelette de hasard
rencontré au coin de la rue
comme un amour manqué
le vieux philosophe ne dit rien
au fond de son crâne
la poussière d’un avenir passé
sans jamais être présent
restes d’une langue désuète
qui autrefois faute de pouvoir l’atteindre
léchait avec volupté le ciel
pour attraper les larmes du soleil
ni le jour ni les étoiles ne répondent
ni le jour ni les étoiles ne répondent
lune émoussée
ombres comme des pattes levées de bêtes à l’affût
il suffit de ne pas avoir peur
et le soleil de nouveau
un homme à la porte
des engins tournant retournant
immense soif dans un verre de quelque chose
puis les couleurs foncent se ternissent
et ainsi de suite
chaque jour la nuit vient
parfois elle dure plus longtemps