Tout poète est exposé aux éblouissements. Mais le feu qu’il couve peut incendier les vernis d’esthète, les décors en stuc et le boursicotage des idées. Car dans l’arrière-pays de son visage dort un volcan.
C’est ainsi qu’au miel des paroles, le poète préfère les poudrières. A la fascination et à la peur, les étincelles. A l’innocence graveleuse des simulacres, la chaleur animiste. Au crépitement meurtrier des fusils et des mitraillettes, la lumière des mots.
Et lorsque que le vent suffoque des douleurs du monde, il sait opposer l’énergie du silence. Il puise aux sources du soleil de quoi bousiller ce qui tue à petit feu, et de quoi vivifier les bonhommes de chemin. Puis il bondit à hauteur des flambées du cœur.
Parfois, sa main caresse le jour qui fait le dos rond. Mais ses brasiers ne font qu’une bouchée des mollusques étalées dans leur jus de mer. Les éclairs dans son âtre rayonnent sur les états hargneux et les couleurs à l’eau de rose. Pour une saine commotion de l’esprit.
Le poète sait qu’il y a une force au delà de ses forces, lorsqu’il s’accorde à l’incandescence de l’âme.