Revue de poésie contemporaine

Rond comme le tempṣ(et autres poèmes)

R

 

Rond comme le temps

Mon cœur bat
Dans le seau et la lucarne

L’anse et le cadran

Dans le nid précipité
Et l’auréole de la lampe

Le cer­ceau posé à terre

Dans l’attente

Et la boucle du fil

La vir­gule entre
Le silence brut
Et le chant de l’oud

Dans le nombre et la poignée

Dans la courbe du chemin
Qui me perd
Me rattrape
Entre le geste du matin

Et le poids du soir

 

Quatre juillet

Quand le silence
Nous attrape par les épaules
Nous secoue comme un prunier
Pour faire tom­ber toutes les particules
De vacarme en nous
Débris et graviers
Gru­meaux et copeaux
Char­dons et pardons

On peut s’endormir
La fenêtre ouverte
Au son du marteau-piqueur
Dans la rue où résonne
La colère de l’enfant hurlant
Qu’on ne l’écoute jamais

On peut se lais­ser glisser
Dans la bas­sine des doutes
Gor­gé de fausse paresse
Les pau­pières striées de soleil
Des abeilles plein les mains

 

Quand le ciel est charbonneux

Quand le ciel est charbonneux
Il fait nuit dans ma cage thoracique
Les mères quittent la scène
Les unes après les autres
Lais­sant der­rière elles
Les gout­tières obstruées
Les descentes
En épingle à cheveux
Et les lisières silencieuses

Quand le pré­sent est tendu
Comme une peau de tambour
Entre ici et tout à l’heure
Voi­ci celle qu’on n’attend pas
Une trouée dans les nuages
Où se fau­filent du bleu
Du mauve et de l’incontournable
Alors je mets mon pas par­mi les pas
Et je respire

 

Delta

A cet endroit
Où le soir s’élargit
Vaste embou­chure sur la nuit
Des ciseaux à plumes coupent la trajectoire
Des avions que ne pren­drai pas

Alors ava­ler sa salive
Pen­ser à maintenant
En ras­sem­blant d’un revers de main
Les der­nières miettes du jour

Refer­mer à moi­tié la fenêtre
Sur ce qui n’est pas encore fini
Éti­rer la der­nière heure de clarté
Jusqu’au bord
Comme une nappe repassée
Sur le ciel migraineux

S’attabler à l’horizon
En atten­dant le solstice
Ou entrer dans le courant
Avec nos malles vides
Nos brin­dilles rutilantes
Et aller vers…

Auteur(s) / Artiste(s)

Claire Kalfon

Claire Kalfon est née en 1956, vit et enseigne à Tours. Elle a été publiée dans les revues Petite, Décharge et Friches. Certains poèmes sont visibles sur les revues en ligne Secousse et Le Capital des Mots.

D’autres ont été mis en ligne sur la Toile de l’Un, blog tenu par le poète Alain Boudet.

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