Rond comme le temps
Mon cœur bat
Dans le seau et la lucarne
L’anse et le cadran
Dans le nid précipité
Et l’auréole de la lampe
Le cerceau posé à terre
Dans l’attente
Et la boucle du fil
La virgule entre
Le silence brut
Et le chant de l’oud
Dans le nombre et la poignée
Dans la courbe du chemin
Qui me perd
Me rattrape
Entre le geste du matin
Et le poids du soir
Quatre juillet
Quand le silence
Nous attrape par les épaules
Nous secoue comme un prunier
Pour faire tomber toutes les particules
De vacarme en nous
Débris et graviers
Grumeaux et copeaux
Chardons et pardons
On peut s’endormir
La fenêtre ouverte
Au son du marteau-piqueur
Dans la rue où résonne
La colère de l’enfant hurlant
Qu’on ne l’écoute jamais
On peut se laisser glisser
Dans la bassine des doutes
Gorgé de fausse paresse
Les paupières striées de soleil
Des abeilles plein les mains
Quand le ciel est charbonneux
Quand le ciel est charbonneux
Il fait nuit dans ma cage thoracique
Les mères quittent la scène
Les unes après les autres
Laissant derrière elles
Les gouttières obstruées
Les descentes
En épingle à cheveux
Et les lisières silencieuses
Quand le présent est tendu
Comme une peau de tambour
Entre ici et tout à l’heure
Voici celle qu’on n’attend pas
Une trouée dans les nuages
Où se faufilent du bleu
Du mauve et de l’incontournable
Alors je mets mon pas parmi les pas
Et je respire
Delta
A cet endroit
Où le soir s’élargit
Vaste embouchure sur la nuit
Des ciseaux à plumes coupent la trajectoire
Des avions que ne prendrai pas
Alors avaler sa salive
Penser à maintenant
En rassemblant d’un revers de main
Les dernières miettes du jour
Refermer à moitié la fenêtre
Sur ce qui n’est pas encore fini
Étirer la dernière heure de clarté
Jusqu’au bord
Comme une nappe repassée
Sur le ciel migraineux
S’attabler à l’horizon
En attendant le solstice
Ou entrer dans le courant
Avec nos malles vides
Nos brindilles rutilantes
Et aller vers…