Il avait une bouche grande comme pas grand-chose. Un doigt toujours posé devant pour l’empêcher de mordre le ciel.
Il le regardait du coin de l’œil, et dans l’angle de son regard, un dé de fer pliait les aiguilles acerbes de son ennemi.
Toujours une tache brunâtre obstruait sa peau au-dessus de l’os saillant qui dessine les faces. Un troisième œil qui pouvait regarder ailleurs. Un œil brun qui s’affairait dans le silence des nombres.
Et parfois, il baissait sa tête lourde sur sa masse de viande grasse, et il jurait. Il n’y avait plus que ça qui pouvait sortir de sa glotte.
Ainsi s’amenuisent les langues qui ont léché les crépuscules, et qui sont restées collées aux détails d’un rayon de poussière.
Le bois sec a sué sur les lèvres du monde, sa dernière goutte et sa dernière passion.
Et les hommes qui marchent laissent peser le monde sur leurs reins, dont le suc est extrait.
Il n’y a plus rien à tirer, souviens-toi. Pas même l’essence des choses qu’aucune ombre ne couvre.
Tout semble pourtant craquer son écorce stérile, et chaque craquement mesure l’écho fait au vide. Quelle force surgit pour achever la tâche et soulever la hache imperceptiblement ?
si peu peuvent si
peur sillonne sa source si
sale et si salissante
et si souvent j’ai chassé
l’esprit qui sirotait mon cœur
qu’à sac mon sceptre est resté
sans puissance et sans dessein
et l’autre ciel
six preuves pour signaler
son cil qui serre l’aube
entre ses mèches
six croix toutes neuves
en cime de ciment
oscillant dans l’espace
vit mes bras sans fardeau
soulevant sous le vent
sa lanterne éteinte et son
son de soupirs essaimés
et rien de plus rien de moins
j’avais si peur que seule
pouvais-je serrer
l’eau de la source tarie
salée salivante de ma sève
séchée