Tu rêvais d’un magnolia ouvert sur l’étendue d’un mot,
d’une nuit violette sur le matin
tout enroulé d’un corps
ignorant des menaces,
absout des ombres,
de cette clarté qui fane
quand elle vient dans tes yeux.
Les pensées se perdent,
se rattrapent,
accrochent des linges, une dentelle,
un lac de sable,
et parfois,
dans plus rien qui assomme,
tu crois partir
un peu
de ta vie.
Tourner ce qui est possible,
de dos et de pas tout droit tout droit.
Tourner la bouillie de la joie à la petite cuillère bien frappée,
un sourire dessiné dans les cheveux,
sept voiles pour le cœur et des talons en miettes.
Tu dis « Faudra se serrer pour les mouettes… »
Tu passes ta main dans tes cheveux.
Tu regardes ta main,
le geste de ta main,
un dessin dans l’air au-dessus de ta tête.
Puis tu essaies de t’en souvenir tout le temps,
de ces quelques minutes de caresse.
Une inquiétude vacille.
Tu voudrais la casser, brique à brique.
Plâtre et gravats. Eboulis.
Monticule de pots de peinture, de papiers, de mégots,
un ou deux coussins, un verre, une tasse.
Le ciel ricoche sur les murs de la chambre
et pour le moment,
tu t’y appuies.
Les couleurs tombent dans la couleur.
Un auvent claque dans le bleu.
Tes mains pourraient bien s’envoler
si elles ne tenaient pas ensemble,
là où tu les as laissées,
avec ta foutue peur
de n’être pas assez.