What ?
elle est allongée sur
le ventre dans l’herbe
elle lit Watt et rit
en pensant au vélo
qui a perdu les pédales
le guidon et la selle mais
il reste la reptation et
elle se met à nager
sur la pelouse les pieds
battant l’air les seins
battant l’herbe
Plumes
cette nuit
je suis tombée au fond
d’un nuage
j’ai écouté le silence
j’ai recueilli
tes traces de ma bouche
j’ai regardé
dans un reflet de lac
les couleurs
en apesanteur
et j’ai trouvé
quatre-vingt seize façons
de fabriquer des plumes
Bar du paradis
au bar du paradis
j’voudrais pas dit
y aller trop tôt
on sait jamais
on a vu des sirènes
dans des fontaines
d’amour grillagées
se perdre et se noyer
vers ce tombeau
liquide enfiévrée
je me suis avancée
nue la nuque offerte
une armée d’étoiles
y avait resplendi
j’ai cru voir le ciel
j’y ai plongé mes ailes
au bar du paradis
je trinquerai avec
les amants des mots
assise sur une étoile
qui sera balançoire
je me laisserai porter
par le souffle du vent
léger squelette j’irai
dans la beauté danser
Ellipse
Je tourne
sur cette ellipse
qui toutes les nuits
me ramène
en ce même lieu
dont je repars au matin
pour un chemin un peu
plus long plus court
en inventant ce demain
avec le lézard qui dore
sur le seuil de ma porte
Terre
quand il reviendra
le cimetière sera chaud
la terre sèche fendillée
lui rappellera les trombes
d’eau qui ont dévasté
les roses emprisonnées
sous les éclats de verre
des gloriettes à terre
et les éclats de rire
de l’absente enterrée
au seuil de l’été
Mesure
il faudrait déjà avoir
envie de vivre
avant de vouloir
mesurer l’espace que
prend la douleur
de la torturante
absence et savoir
quelle est l’exacte
mesure du
temps enfoui
sous les vagues de
terre à modeler
à ton effigie quand
vivre est devenu si
étrange