Revue de poésie contemporaine

Épigrammes

É

(tra­duc­tion inédite de Cécile A. Holdban)

L’étranger :
Dans la foule, il est seul, mais nom­breux dans la solitude.
Az ide­gen
Tár­saság­ban társtalan.
De magá­ny­ban számtalan.
L’ermite :
Si je me sous­trais à moi-même, le résul­tat, c’est moi.
A remete
Ha kivo­nom magamból magamat,
az ered­mé­ny én vagyok.
Sub­stance de la tragédie :
Soit l’évènement est en avance, soit il est en retard sur lui-même.
A tra­gé­dia tartalma
Az ese­mé­ny megelő­zi vagy
leké­si önmagát.

 

 

Bicen­trique :
Pour­quoi il a créé le monde ? Dieu seul le sait.
Bicen­tri­kus :
Mért terem­tette a világot
Isten tudja.
Réso­lu­tion du mys­tère de l’existence :
Le sens de la vie est le sui­vant : ( … texte manquant).
A lét titká­nak megfejtése
Az élet értelme a következő :
(Töb­bi hiányzik.)
Lettre d’amour :
À peine arri­vé, déjà repar­ti je suis res­té avec toi.
Szerelmes levél
Még meg sem érkeztem,
már el is mentem,
veled maradtam.
Paroles d’Attila József :
« Regarde cette fis­sure sur l’évier : c’est ce que je suis ! »
Józ­sef Atti­la szavai
Nézd ezt a repe­dést a lavóron,
ez vagyok én!

 

 

Fumée :
Je fume au bord du fos­sé, vingt sous pour toute fortune
mais pour cen­drier : le monde entier.
Füst
Ciga­rettá­zom az árokparton.
Húsz fillér az össz-vagyonom,
de az egész Föld a hamutartóm.

 

Le malin :
Il vole­rait la pau­pière mi-close de la lune décroissante
pour s’en faire un troi­sième œil.
Az okos
A fogyó Holdnak
kilopná félszemét,
hogy neki három is legyen.
Le mes­sage d’un ange
ne s’affiche pas dans les vitrines
Angya­li üdvözlet
nem kerül kirakatba
À un sui­ci­dé du Danube : tu n’avais plus rien à manger
à pré­sent, tu as un beau et long cer­cueil qui va de la Forêt Noire à la mer Noire
Egy Dunai öngyilkosra
Nem volt enni­valód. Van most szép hoss­zu koporsód,
Fekete erdőtől Fekete ten­ge­rig ér.

Pour lire d’autres poèmes de Sán­dor Weöres :

 

Auteur(s) / Artiste(s)

Sándor Weöres

1913-1989
Sándor Weöres est, avec Attila Jószef, la figure centrale et fondatrice de la poésie hongroise moderne. Mais contrairement à ce dernier, Weöres Sándor reste encore largement méconnu en France. Il est pourtant l’un des poètes les plus populaires de son pays, aimé autant des adultes que des enfants pour lesquels il a imaginé des comptines et des chants qui ont inspiré des musiciens tels que Kodály et Ligeti.
Poète prodige, écrivain protéiforme et inclassable, qui ne cesse de se renouveler, traducteur de William Blake, Stéphane Mallarmé, Taras Chevtchenko ou Lao T’seu, il se passionne pour des domaines aussi variés que le mysticisme, la linguistique, l’Orient, l’érotisme, la musique, les civilisations premières ou l’antiquité. Sa poésie ne se nourrit pas des événements de sa vie personnelle ni des soubresauts de l’histoire et des bouleversements que son pays a connus au cours du XXe siècle, qu’il a vécus et traversés en préservant une voix/voie poétique unique et inimitable.

 

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