Revue de poésie contemporaine

Angles morts (extraits)

A

Se sai­sir
de mots tordus

tour­ner langues
en petits matins brefs
en saisons
secou­rues de peu

paquets blonds en surface
presque bouée
cousue
sur vague

c’est ça
le commencement

veines bleues
sur le sable

le ciel
comme enroulé
autour du cou

c’est simple
comme paroles
si silence

bruis­se­ments
dilués
dans océan de voix.

C’est au bord que l’on s’épuise
ressacs
fraî­cheur en soi

sac replié der­rière le dos
relâchement

on ne tient plus debout

on se raccroche
aux images
à la brume bleue et noire

mouettes pico­rant
soleil
ciel fatigué
éclipse
dans chaque poche

c’est au bord
que s’é­change le reste
de chaleur
de vie peut-être

avec qui peut encore
tenir

se lever
en pous­sant sur les mains

en tirant
sur la corde
du crépuscule
fil ten­du entre ici et là-bas

entre on et ce je
qui ne dit pas.
On parle à voix basse

ça ne veux rien dire
quand hurlements
quand pous­sière sur le doigt

quand fièvre

on chauffe un peu
on remue les chiffons
manches trouées
pulls à rayures bleues

quand bar­reaux là-aussi
tout autour

avec insectes qui passent entre
narguent déjà de vivre

ça ne veut plus rien dire
quand demain
quand soupir
file d’at­tente au guichet

la culpa­bi­li­té
der­nières fouilles avant que
tout à tour

comme douane
de l’âge adulte

rien dans les poches
ou dos courbé

temps débite tickets
tunnels

issues
probablement.

Les matins
se défont eux-aussi
n’ac­crochent pas

alors
on se détend

miettes éparses
sur la table
comme mémento
à déchiffrer

petit ciel granuleux
rideaux
val­sant sans rythme

nuages
sur l’horizon

presque peau retournée
en par­celles nerveuses

noyau blanc de l’oubli
ou pulpe
au fond du verre

pépins noirs
en éclipse
l’at­tente mécanique

c’est ça
qui ressurgit.

Figer mots
en lan­gage bref
comme béquilles
en cas de chute

replie­ment
en boule au ventre

dou­leur mal contenue
fuyante

bien que rien
sur les ongles

bien que
même équilibre
qu’hier

pour sou­te­nir ici
entrouvrir
lèvres ou dents

gagner seul l’horizon

ciel bas
masque à gaz
retiré
en guise de porte-voix

s’ou­blier pour­quoi pas
ici

si peu de choses dites.

Auteur(s) / Artiste(s)

Jean-Baptiste Pedini

Né en 1984 à Rodez, Jean-Baptiste Pedini vit actuellement en région toulousaine. Il a publié ces dernières années dans une trentaine de revues parmi lesquelles Décharge, N4728, Arpa, Friches, Traction-brabant…et des livrets chez -36° édition, Encres vives ou encore La Porte. Sont parus en 2012: Prendre part à la nuit, Polder n°153 (Décharge/Gros textes) et Passant l’été, Prix de la vocation 2012, Cheyne éditeur.

Son site : http://prendreapart.wordpress.com/

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