Revue de poésie contemporaine

Triptyque

T

 

Extérieur-Jour-Dans la rue :

Rouillé par l’asphalte et les soleils noirs, par les rêves ban­caires qui mettent à vif, il avance, de jour ou de nuit, traî­nant son cad­die-rou­lette à car­reaux, rem­plis à ras bord d’objets insi­gni­fiants deve­nus outils de pre­mier choix, il avance, avec son abri sur le dos, un vaga­bond camou­flant sa noyade quo­ti­dienne par de brèves res­pi­ra­tions, une bête his­toire à mourir.
Ses poils cras­seux collent à sa peau, des che­veux désor­don­nés par­sèment sa figure, taillant des raies d’éclaircis sur son ombre et dans les pri­sons vides de ses yeux. Des icônes lumi­neuses de feux tri­co­lores dirigent sa déam­bu­la­tion dans la foule / exi­lé de la civi­li­sa­tion mar­chant dans le sacrifice.
Il éclot entre les nœuds d’appartenance, comme une fleur du bitume façon punk à chien, son corps usé sous les intempéries.
De temps à autre, un indi­vi­du s’abaisse à sa hau­teur pour lui tendre un peu de fumée, qu’il fait aus­si­tôt pas­ser dans ses pou­mons, soif incan­des­cente de cet oxy­gène nocif pour le cœur.

 

Extérieur-Nuit-Dans la rue :

Il flâne, danse entre les routes, accom­pa­gné par les mou­ve­ments irré­gu­liers des sacs pou­belles dans le vent. C’est cet homme là-bas, cette femme au coin de l’avenue, c’est n’importe qui.
Son âme est scot­chée aux pylônes lumi­neux qui camouflent les der­nières galaxies connues sous une brume élec­trique. Il l’observe, ce ciel, décou­pé par ces câbles qui forment un attra­peur de rêves géant, pour les gens de son espèce.
D’aspect neu­ras­thé­nique, son regard défile sur les haillons qui lui servent à cacher la misère phy­sique et sur­tout psy­chique de sa vie. Des trous et des fils décou­sus pour cette enve­loppe élas­tique, défor­mée. Des mains vieilles avant l’âge, ridées, cor­nées, puantes.
Champ magné­tique de ces com­merces qui ornent les rues, où viennent s’éprendre les indi­vi­dus sculp­tés dans une phi­lo­so­phie de la futi­li­té. Ces objets mour­ront lorsque le regard vivant que nous posons sur eux aura disparu.

 

Post-scriptum :

Des­cends en toi, oui, des­cends en creux de ton être, pour y lire une traversée.
Ce clo­chard, un peu flou, est un peu du monde.
Habi­ter par­mi chaque ins­tant, si près de soi,
Du cœur
Du souffle
Se brise
Dans le dégagement
Face à ce qui se dérobe
Sur le fil du temps…

 


 

Auteur(s) / Artiste(s)

Etienne Poiarez

Je m’appelle Etienne Poiarez. Je suis un étudiant de 20 ans, en deuxième année de la licence information et communication, à Nancy. Je me passionne pour la littérature depuis maintenant 5 ans, lecteur de la poésie beatnik et rock depuis déjà quelques années. Pour ce qui est de ma bibliographie, je ne suis encore qu’un amateur, mais la revue Traction-Brabant a accepté de publier un de mes poèmes dans son prochain numéro. La revue numérique Le Capital des Mots a publiée également quelques poèmes. Deux de mes poèmes feront aussi leur apparition dans le numéro de la revue Vocatif du printemps 2015.

 

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