Revue de poésie contemporaine

Trois poèmes

T

I.

dans l’es­poir d’une étoile,
éclat apeu­ré de lumière,
suf­fi­ra-t-il d’y croire

étoffe rapié­cée, usée,
sup­port de l’onde,
pla­giat de mouvements
ombres enve­lop­pantes déjà palpées,
iris noyé dans trop d’illusions
racines de l’arbre déployé:
suf­fi­ra-t-il d’y croire

un peu de trans­pa­rence, de clar­té, de lumière
un peu de silence
quiétude

II.

Je suis un pâle matin encore auréo­lé de ses rêves,
Je suis la cha­leur de midi lorsque le bleu du ciel est presque trop intense,
Je suis le ton­nerre qui gronde et la colère qui explose,
Je suis dans l’insonore de cet accord entendu,
Je suis là où tout n’est que timbre et trace,
Je suis le phé­nix pré­des­ti­né, petit sol­dat immortel,
Je suis dans la mélan­co­lie du temps, sinuo­si­té des ères,
Je suis la seconde trop tard, le si j’avais su, le pour­quoi là,
Je suis dans l’éternité des pulsations,
Là où se des­sinent les visages, les sourires,
Les larmes ver­sées, les épées dans le dos,
Et le vacarme des désespérances.

Là où s’en retournent la confiance, la liber­té, le fol espoir, l’acte,
Et l’interrogation du sens.
Je suis encore,
Encor,
En,
vie

III.

J’ai de la chance : les larmes se confondent avec la neige.
Une glis­sade, trois déra­pages, l’abandon supplémentaire.
J’appelle, tu ne réponds pas. J’appelle en sachant qu’il ne faut pas.

Les flo­cons perdent leur forme d’étoile, deviennent cra­chin maus­sade, sans plus de tenue qu’un bout de car­ton trem­pé, échoué là sur le trot­toir, presque gluant.

Mal­gré la blan­cheur aveu­glante de la ville, mon cœur noir se laisse devi­ner. Ce n’est pas de chance. J’aimerais que tu glisses là, juste devant mes pieds légers, chaus­sés de nou­velles bot­tines, ache­tées là comme un pan­se­ment de paco­tille. J’aimerais être mon amie Jade et savoir tran­cher comme elle. Qui m’aime me suive.

J’ai de la chance, lorsque je me retourne sur mes pas, je vois la pure­té noir­cie comme mon cœur.
Tu ne seras pas là ce soir, j’aurais de longues heures pour édi­fier ma sta­tue de neige, à ton image amour. De l’arc-en-ciel ou de moi, qui fran­chi­ra le bord des toits ?
Je rede­vien­drai vierge de tout espoir. Et alors je pour­rai fondre. Et disparaître.

Auteur(s) / Artiste(s)

Agathe Elieva

Agathe Elieva écrit, observe, joue, transmet, se promène, bidouille, hésite, rature, résiste, savoure, râle, traîne, baille, attend, rit, pagaie, balbutie, vit - à ce qu'il parait.
Et puis recommence.

De textes courts en conte cinématographique, de livrets d'opéra pour enfants en manuscrits protéiformes, de lectures musicales en pièces de théâtre, on peut retrouver quelques signes ici : Hors Sol, Le Zaporogue, A La Dérive, Le Jour Dénudé, Raise Magazine...

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